Journée de l’environnement : Prose épistolaire rimée du Dodo aux Mauriciens
Prose épistolaire rimée du Dodo aux Mauriciens
Chers Mauriciens,
De là où je suis, mes yeux sont rivés sur mon Île Maurice ces 340 dernières années et encore plus pendant les événements liés à l’environnement. Comme vous le savez, ma disparition de la face de la terre vers la fin du 17eme siècle, a été fondatrice de la conscience écologique mondiale. Car, c’était la première fois que les hommes ont réalisé qu’une espèce pouvait, s’éteindre à jamais. L’adage anglais, “as dead as a dodo”, en est d’ailleurs un témoignage.
Aussi, les plus sages ont conçu l’idéal environnemental qui consiste à conserver la diversité du vivant. Cette nourrice qu’est mère nature se devait d’être protégée contre toute avancée destructrice souvent dissimulée sous les auspices du progrès.
L’idée a certes fait son chemin mais, rien que dans notre petit pays, la gourmandise et irresponsabilité de l’homme ont réduit les forets indigènes à 2% de leur surface d’origine. Même les forets secondarisées sont menacées ! Le pigeon des mares, la tortue endémique et autres poule rouge à bec de bécasse ont, à travers les siècles, eux aussi , connu mon triste destin.
Que dire encore de cette guerre ouverte contre votre environnement immédiat à laquelle vous vous livrez, parfois, sans aucune gêne… Avez-vous pensé aux dégâts causés par ces centaines de milliers de bouteilles en plastique jetées ça et là, polluant vos terres, vos mers et vos rivières ?
A quand la concrétisation des lois régulatrices, évoquées en janvier dernier, pour juguler cette invasion de bouteilles en plastique jetables ? J’ai constaté, avec peine, que vous en consommiez 125 millions chaque année, dont seul 40% est recyclé. Le reste hante notre environnement et alimente la station d’enfouissement de Mare Chicose, qui s’essouffle sous le volume grandissant de déchets tutoyant à présent les 600 000 tonnes par an !
Autre menace environnementale qui m’interpelle est le volume de gaz à effet de serre que génère vos activités productrices et consommatrices. Rien que le secteur du transport a craché, dans l’atmosphère, plus d’un million de tonne de dioxyde de carbone en 2018 ! Vous auriez tort de poursuivre sur cette route. Il vous faut coûte que coûte privilégier le co-voiturage, améliorer et favoriser le transport en commun et contrôler la circulation routière individuelle aux heures de pointe vers la capitale.
Le sacrifice de mon extinction a certes donné naissance à l’idéal de l’équilibre nécessaire entre développement et protection de l’environnement. Cependant, il vous appartient d’en assurer le maintien et l’entretien.
Je suis certain que vous pouvez relever le défi. D’ailleurs, je serai toujours là que ce soit à vos pieds sous la forme de fameuses savates « dodo » ou dans les armoiries de votre république pour vous le rappeler.
Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins chers Mauriciens. La biodiversité, l’environnement ne sont pas des accessoires, mais bien l’espoir des meilleurs lendemains.
Votre Cher Dodo (Raphus Cucullatus)
(Alain Jeannot)