Flics ou voyous ?
Flics ou voyous ? Non, on ne parle pas là du film avec le défunt Jean-Paul Belmondo. On parle… d’autre chose, d’un très mauvais cinéma…
Choquant ! Dégoûtant ! Les adjectifs manquent pour qualifier les trois vidéos dépeignant ces scènes de torture, de sadisme et d’abus sexuel à l’encontre de personnes sous la responsabilité de la police.
Mais faut-il être vraiment choqué ? Combien de fois avons-nous ainsi entendu parler de violence policière ? Que nous avons vu David Gaiqui nu comme un ver, attaché à une chaise au poste de police de Curepipe ? Ces vidéos, durant le confinement, de personnes ordinaires traitées comme si elles étaient des terroristes ? Quand la liste de personnes, en bonne santé et qui meurent in police custody, est longue comme le bras. Et que les conclusions de leur décès se révèlent des plus alambiqués ?
Quand certains, sous le label de justiciers, s’arrogent tous les excès, quand nos compatriotes ont un fort ressentiment que les hommes en bleu ne sont plus dans la neutralité et au service du pays, mais à celui des détenteurs du pouvoir, surtout politique, quand la partialité, l’injustice, l’impunité ne sont jamais sanctionnées…
Notre police n’a eu de cesse de se décrédibiliser : policiers devenus trafiquants de drogue, policiers ivres au volant de véhicules de l’État, policiers tortionnaires, arrestation violente et arbitraire et j’en passe… D’ailleurs, un des protagonistes sur une des vidéos croupit en prison depuis quatre ans, sans qu’aucune charge formelle n’ait été, à ce jour, portée contre lui ! C’est dire à quel point le mépris des droits de l’Homme entache tout l’exercice de la justice !
Notre société repose aujourd’hui sur des trépieds brinquebalants. Et les Mauriciens perdent, doucement mais sûrement, foi dans les piliers garantissant le bon droit, la cohésion, la stabilité, le respect et la dignité de tous… Cela n’augure rien de bon pour demain.
Nous avons eu les cris du ventre de la rue le 23 avril dernier. Entendu les cris de souffrance de ces hommes abandonnés aux mains de leurs tortionnaires. Et ce cri du cœur et d’impuissance d’Antoinette Jolicoeur, dont le fils apparaît sur une des vidéos : « Je suis pauvre ! Qui m’aurait écoutée ? » Notre société ne cesse de crier et un sursaut est plus qu’une urgence !
Danièle Babooram